SOURCE : Télé-Québec – LA VIE EN VERT

Depuis quelque temps, un nouveau venu est entré dans le monde des sels de voirie : le jus de betterave.

Plus particulièrement, il s’agit d’un résidu de la transformation de la betterave à sucre (une variété destinée à la production de sucre).

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Il y a une vingtaine d’années, des producteurs de betteraves à sucre qui entreposaient leurs résidus dans des barils ont découvert que cette « mélasse » ne gelait pas. Et c’est ainsi qu’est né le déglaçant à la betterave!

Inusité? Oui. Efficace? Absolument! Le produit, que l’on dit écologique, est déjà utilisé dans certaines villes américaines et canadiennes pour déglacer les routes, les rues et les trottoirs.

Les dangers du sel

Le sel (chlorure de sodium) est, à l’heure actuelle, le produit le plus utilisé pour déglacer les 230 000 kilomètres de routes et d’autoroutes du Québec. Chaque hiver, ce sont 1,5 million de tonnes de sels de voirie qui sont épandus.

Or, le chlorure de sodium pose de sérieux préjudices à l’environnement.

Selon Micheline Lévesque, présidente de la firme Solutions Alternatives Environnement, le sel est depuis longtemps utilisé comme herbicide : « Ses propriétés nocives pour la végétation sont connues depuis des millénaires, dit-elle. Autrefois, les guerriers l’utilisaient pour détruire les récoltes sur les territoires ennemis ».

Par ailleurs, lorsque du sel est épandu sur les routes, des gouttelettes salées se retrouvent en suspension dans l’air et peuvent affecter les arbres jusqu’à 40 mètres en bordure de la route. « Le sel s’infiltre dans le sol et affecte les radicelles de la végétation, dit Mme Lévesque. Les arbres sur les terre-pleins ont souvent un dessèchement sur le pourtour des feuilles. C’est parce que les radicelles n’absorbent plus l’eau et ne peuvent plus approvisionner adéquatement les feuilles. »

Mentionnons aussi que les impuretés présentes dans le sel (des métaux lourds à l’état de traces, par exemple) se retrouvent dans l’environnement.

Des vertus écologiques indéniables

Puisqu’il est un produit 100 % végétal, le jus de betterave a un impact moindre sur l’environnement. Selon Joel Shugar, représentant de la compagnie ÉcoSolutions, fournisseur du fameux déglaçant au jus de betterave, les avantages du produit sont nombreux : « Utilisé à l’état pur, il ne cause pas de corrosion, contrairement au sel. On peut toutefois l’utiliser en le mélangeant à du sel. Le sel combiné au jus de betterave gèle à -28 degrés Celsius, au lieu de -14 lorsque utilisé seul. Le jus de betterave permet aussi de réduire l’utilisation du sel. »

Ce sont ces avantages qui ont poussé les responsables de l’entretien du pont de l’autoroute 25, entre Montréal et Laval, à opter pour le jus de betterave à l’hiver 2012. Ce pont, fruit d’un partenariat public-privé (PPP) sera entretenu pendant 35 ans par la compagnie Miller Group. Comme l’entreprise doit remettre le pont à l’état neuf après ce délai, elle a tout avantage à utiliser un produit qui ne cause pas la corrosion. « Les structures du pont souffrent beaucoup moins quand on ajoute du jus de betterave au sel», dit Claude Blais, associé de Miller Group. « On peut aussi être proactif en épandant ce produit sur la route avant la tempête. Le produit sèche sur la surface et redevient actif lorsque la surface est mouillée par la neige. Donc, il y a déjà un déglaçage qui s’opère dans les 30 premières minutes d’une tempête, ce qui augmente la sécurité des automobilistes. »

Il faudra cependant attendre encore quelques mois pour faire un bilan de l’efficacité du produit, mais les premiers essais à l’hiver 2012 ont été concluants.

Produit miracle?

« D’après ce qu’on en sait jusqu’à présent, le déglaçant à la betterave se présente comme un produit miracle, soutient Micheline Lévesque. Maintenant, il faudrait approfondir les recherches. Par exemple, faudra-t-il un jour produire des betteraves à sucre pour obtenir le déglaçant? Là, on entre dans un autre dossier. Notamment, parce que la réglementation sur les betteraves OGM aux États-Unis (d’où vient le produit en majeure partie) est très permissive. On ne voudrait pas voir de vastes productions de betteraves à sucre génétiquement modifiées. »

M. Shugar nous rassure sur la question. Aujourd’hui et pour longtemps encore, le déglaçant à la betterave est fabriqué à partir de résidus de la production de betteraves à sucre. Aucune betterave n’est cultivée pour fabriquer un déglaçant.

INVITÉS
Micheline Lévesque, présidente de Solutions Alternatives Environnement : http://www.saenviro.com/
Joel Shugar, représentant d’ÉcoSolutions au Québec et dans les Maritimes
Claude Blais, associé du Groupe Miller (division québécoise)